"Delta#3" courtesy of Tony Vásquez-Figueroa

PETROLEUM

Oil in (and out of) Visual Arts

Pétrole dans l’art contemporain - Cycle international de conférences multisites

Atelier international de recherche, 5 décembre 2025, 14h Salle Vasari, INHA

Responsables scientifiques : Lotte Arndt, Claire Betelu, Sarah Gould et David Castañer, HiCSA, Joaquín Barriendos, Tecnologico de Monterrey, Oyindamola Fakeye, CCA Lagos et Jennifer Wenzel, Columbia University

 

L’idée que la consommation massive d’énergies fossiles n’est pas viable pour la planète est déjà présente dans le rapport Meadows de 1972 et dans les conclusions du sommet de Rio de 1992. Depuis, la littérature scientifique a prouvé le lien entre combustion des hydrocarbures, émissions de gaz à effet de serre et réchauffement climatique. Pour empêcher des pronostics d’augmentation de la température allant jusqu’à + 4° à la fin du XXIème siècle, la communauté internationale adopte, pendant les années 2010, des protocoles pour réduire ces émissions de carbone dans l’atmosphère en engageant notamment une transition énergétique. Mais dix ans après les accords de Paris (COP 21 en 2015), il est évident que celle-ci tarde trop à être mise en place. Devant l’opposition du secteur privé, l’immobilisme des institutions étatiques et la conjoncture révisionniste actuelle, des activistes recourent à plusieurs modes d’action pour alerter les opinions publiques. Sans doute, le plus remarqué d’entre eux est-il le déversage de soupe, peinture et farine sur des chefs-d’œuvre de l’art moderne et contemporain. En 2022, Just stop Oil, groupe basé en Grande-Bretagne, s’attaque à des œuvres de Constable, Van Gogh et Vermeer. Ce modus operandi est pratiqué dans bien d’autres pays par plusieurs autres associations d’un réseau, nommé A22 Network, qui vise avant tout à donner de la visibilité aux revendications écologistes. Leur idée est d’altérer le calme cossu du musée – lieu où l’on conserve les imaginaires du passé – pour y faire entrer les défis écologiques du présent et du futur.

Mais ce geste dit également quelque chose sur les mondes de l’art (Becker,1982) et leur compromission avec l’industrie pétrolière. En effet, de la fondation en 1929 du MoMA par la famille Rockefeller – propriétaire de la Standard Oil Company – à l’apparition, dans les années 2010, de nouveaux hubs de l’art contemporain dans les Pays pétroliers du Golfe, l’histoire du marché de l’art moderne et contemporain est intimement liée à celle de l’extraction et production d’hydrocarbures. Ces liens avaient déjà été mis en cause auparavant par des groupes d’activistes de l’art comme Free the Tate, Libérons le Louvre !, Art not Oil, dont le but était de dénoncer les partenariats entre les géants du pétrole et les institutions du monde de l’art pour que celles-ci prennent des engagements écologiques clairs.

Comment l’impératif d’une transition énergétique change les mondes de l’art ? Comment les artistes, les curateurs, les critiques, les conservateurs, les restaurateurs œuvrent-elles et ils pour un monde qui ne repose pas sur le pétrole et les énergies fossiles plus largement ? C’est pour répondre à ces questions que nous entendons réunir artistes, activistes, curatrices et curateurs, chercheuses et chercheurs et autres actrices et acteurs du monde de l’art dans quatre métropoles de pays Atlantiques ayant des liens forts avec l’histoire du pétrole : Lagos, Mexico, New York et Paris. Nous proposons d’étudier, pendant ces quatre demi-journées, les évolutions récentes de pratiques de l’art contemporain en lien avec des objectifs écologiques, ainsi que la transformation des imaginaires du pétrole dans les arts visuels.